Un intento de ser otra a través de las palabras
Tengo un nombre raro, heredado de mi madre. Según investigaciones varias, puede significar “cervatillo”, “queridita” (mal escrito) o ser un derivado de un apellido irlandés. Todo me va. Por correo, cuando no me conocen, me suelen confundir con un hombre y me da risa. Mi madre es sueca y mi padre catalán.
Vivo en París desde 1992. Soy profesora de español y de literatura comparada (esto último, de manera esporádica por falta de demanda). He trabajado en otras cosas, pero siempre en relación con los libros.
En 2007 me doctoré en Literatura Comparada en la universidad Sorbonne Nouvelle con una tesis sobre los monstruos y los bestiarios en la literatura del siglo XX, que se publicó como ensayo (Des bestiaires aux monstres) en 2016 en la editorial francesa L’Harmattan. Escribo poesía, cuento y novela en castellano. Tengo un poemario (Zoología fragmentaria) y un relato (El tío Constantino) publicados en la editorial franco-española Incorpore, así como numerosos artículos académicos sobre el género fantástico, la ciencia ficción y la monstruosidad.
Mi universo mental y literario está muy ligado a lo animal y lo monstruoso que me habitan y me rodean, a una infancia permanente que tiñe el mundo de claroscuros.
He participado en lecturas poéticas para promover la poesía de tod@s, sea en Francia o en España.
La poesía es una necesidad casi física que practico desde la infancia. El producto resultante es variado, acumulado en libretitas u hojas sueltas. Mucho de ello va a las “deixalles” (desechos, en catalán), un fichero de los horrores lleno de banalidades y cursiladas. Durante decenios esos versos tontunos que me daban vergüenza desaparecían regularmente en la basura, después de ser desintegrados a mano y con furia. Con la aparición del ordenador, la vanidad y la prudencia me han hecho conservar unos cuantos. Me aconsejó hacerlo un viejo poeta: seguro que algún verso podrás recuperar algún día. Es verdad que de vez en cuando los releo y, aunque se me reafirma el bochorno en la mayoría, otros me proporcionan, con la distancia temporal, una estima o sorpresa, un calor amistoso, tal vez producidos por mis propias metamorfosis internas. Si las células humanas se renuevan cada no sé cuántos años, si las experiencias vitales y las lecturas nos modelan al infinito, la opinión sobre una supongo que también cambia. Y eso es bueno.
Si la poesía suele llegar sin avisar, como desde algún lugar desconocido, el cuento tiene más de expulsión (no una expulsión como rechazo sino como salida al mundo) y de artesanía, un camino de encaje de bolillos que pretende contar historias que necesito compartir.
UN ESSAI D’ÊTRE AUTRE À TRAVERS LES MOTS
J’ai un nom singulier, hérité de ma mère. Selon diverses enquêtes, il peut signifier « faon », « chérie » (mal orthographié) ou être dérivé d’un nom de famille irlandais. Tout me va. Dans des échanges de mails quand on ne me connaît pas, on me confond souvent avec un homme et cela me fait rire. Ma mère est suédoise et mon père catalan.
Je vis à Paris depuis 1992. Je suis professeure d’espagnol et de littérature comparée (cette dernière discipline de manière sporadique, faute de demande). J’ai exercé d’autres métiers, mais toujours en rapport avec les livres.
En 2007, j’ai obtenu un doctorat en littérature comparée à l’université Sorbonne Nouvelle avec une thèse sur les monstres et les bestiaires dans la littérature du XXe siècle qui a été publiée sous forme d’essai (Des bestiaires aux monstres) en 2016 aux éditions françaises L’Harmattan. J’écris de la poésie, des nouvelles et des romans en espagnol. J’ai publié un recueil de poèmes (Zoología fragmentaria) et un récit (El tío Constantino) aux éditions franco-espagnoles Incorpore, ainsi que de nombreux articles universitaires sur le genre fantastique, la science-fiction et la monstruosité.
Mon univers mental et littéraire est étroitement lié à l’animalité et à la monstruosité qui m’habitent et m’entourent, à une enfance permanente qui teinte le monde de clair-obscur.
J’ai participé à des lectures poétiques pour promouvoir la poésie de tous, que ce soit en France ou en Espagne.
La poésie est un besoin presque physique que je pratique depuis l’enfance. Le résultat est varié, accumulé dans des petits carnets ou des feuilles volantes. Une grande partie finit dans les « deixalles » (déchets, en catalan), un fichier des horreurs rempli de banalités et de niaiseries. Pendant des décennies, ces vers stupides qui me faisaient honte disparaissaient régulièrement à la poubelle, après avoir été déchiquetés à la main et avec rage. Avec l’apparition de l’ordinateur, la vanité et la prudence m’ont poussé à en conserver quelques-uns. C’est un vieux poète qui m’a conseillé de le faire : tu pourras sûrement récupérer certains vers un jour. Il est vrai que je les relis de temps en temps et, même si la plupart me font encore rougir, d’autres me procurent, avec le recul, une estime ou une surprise, une chaleur amicale, peut-être produites par mes propres métamorphoses internes. Si les cellules humaines se renouvellent tous les je ne sais combien d’années, si les expériences de la vie et les lectures nous façonnent à l’infini, l’opinion sur soi change aussi, je suppose. Et c’est une bonne chose.
Si la poésie arrive souvent sans prévenir, comme venue d’un endroit inconnu, la nouvelle (« cuento ») relève davantage de l’expulsion (non pas une expulsion comme un rejet, mais comme une sortie vers le monde) et de l’artisanat, un chemin de dentelle qui vise à raconter des histoires que j’ai besoin de partager.